INTRODUCTION
Dans un souci de préservation de la biodiversité sur ces parcelles, Monsieur Hugues Lauliac a demandé au CREN d'y réaliser un diagnostic écologique. Celui-ci comprenant un inventaire floristique non exhaustif a permis d'identifier les habitats naturels et d'évaluer leur intérêt patrimonial. Des actions de gestions ont également été proposées afin de préserver ce patrimoine qui comprend également des éléments historiques et culturels (ancienne pêcherie, aqueduc, bassin à rouir le Chanvre). Les parcelles faisant l'objet de la présente étude, localisées près du hameau de Verlhac (commune de Cognac-la-Forêt), regroupent des milieux prairiaux plus ou moins humides et des milieux forestiers sur une superficie totale de 2,5 ha.
I. DESCRITION DES MILIEUX
Ø Parcelle 606
Mégaphorbiaie
Les mégaphorbiaies correspondent à une végétation de hautes herbes mésohygrophiles à hygrophiles et dérivent généralement de l'abandon des prairies humides pacagées ou fauchées. Dans le cas présent, elles se développent suite à une faible pression de pâturage. En fonction du niveau trophique du milieu et de son degré d'évolution, plusieurs types de mégaphorbiaies peuvent être distinguées. Dans cette parcelle, on retrouve la mégaphorbiaie mésotrophe caractérisée par les Scirpaies. Cet habitat à Scirpe des bois se développe dans les zones les plus humides bien pourvues en matière organique (écoulement, sources, lisières forestières fraîches), où il peut constituer par endroits des petites tâches monospécifiques.
Associé à Scirpus sylvaticus, on note une végétation hygrophile assez caractéristique des prairies à Molinie : Lotier des fanges (Lotus pedunculatus), Cirse des marais (Cirsium palustre), Petite douve (Ranunculus flammula), Gaillet des fanges (Galium uliginosum), Tormentille (Potentilla erecta), Jonc épars (Juncus effusus), et quelques espèces des mégaphorbiaies comme la Salicaire (Lythrum salicaria) …. Les faciès les plus secs comprennent la Houlque laineuse (Holcus lanatus) et l'Oseille (Rumex acetosa). La mégaphorbiaie rencontrée au sud de la parcelle correspond à un stade d'évolution encore jeune, ce qui explique la dominance des graminées et du Jonc par rapport aux espèces caractéristiques de la mégaphorbiaie.
Les mégaphorbiaies rencontrées sur cette parcelle n'occupent que de faibles superficies et correspondent à des stades encore précoces de la dynamique de végétation. Cependant, la présence de milieux forestiers à proximité pourrait accélérer la dynamique vers le développement de ronciers et à long terme de la Saulaie.
Prairie mésophile
On retrouve ce type de milieu à proximité de la mégaphorbiaie, sur les versants de la parcelle. Les conditions stationnelles sont donc assez proches de celles des prairies humides : sol frais assez riche en éléments nutritifs, mais mieux drainés. En règle générale, le tapis herbacé est représenté par des espèces caractéristiques, telles la Houlque laineuse (Holcus lanatus), le Dactyle (Dactylis glomerata), la Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), la Brize intermédiaire (Briza media), le Brome mou (Bromus hordeaceus), la Renoncule rampante (Ranunculus repens), l'Achillée millefeuille (Achillea millefolium), l'Oseille (Rumex acetosa)…
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Les lisières forestières sont colonisées par la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) et la ronce (Rubus gr.Fruticosus). Elle s'est particulièrement développée en bas de pente où le colluvionnement a permis la constitution d'un sol suffisamment épais, ou sur des zones de replats. L'épaisse litière de Fougère aigle non décomposée entraîne un enrichissement du sol favorable au développement d'espèces plus nitrophiles : Ortie dioïque (Urtica dioïca), Ortie royale (Galeopsis tetrahit), Gaillet gratteron (Galium aparine). On retrouve également des espèces des lisières forestières telles que la Stellaire holostée (Stellaria holostea), le Géranium herbe à Robert (Geranium robertianium), la Digitale pourpre (Digitalis purpurea) ou encore la Vesce des haies (Vicia sepium)…
On peut noter la présence en limite de parcelle d'un poirier assez remarquable par sa taille.
La faible pression de pâturage ne permet pas de lutter efficacement contre la Fougère aigle et le développement des ronciers. Une intervention mécanique (débroussailleuse) ou manuelle (faux) complémentaire est alors indispensable pour éviter le développement de ces deux espèces sur l'ensemble de la parcelle. Le traitement de la Fougère aigle est plus difficile à gérer que les ligneux : espèce à rhizomes, la Fougère aigle constitue des réserves souterraines et la litière accumulée chaque année (en l'absence de gestion) étouffe la végétation et transforme le sol par la création d'humus. Elle est généralement indicatrice d'enfrichement, puis d'installation de la forêt, elle s'installe sur des terrains sous-exploités ou abandonnés.
Ø Parcelle 587
Boisements de Chêne
La strate arborescente est dominée par le Chêne sessile (Quercus petraea) et le Bouleau verruqueux (Betula pendula). La strate herbacée est caractérisée par le développement de la ronce (Rubus gr.fruticosus) et de la Fougère aigle (Pteridium aquilinum) en association avec des graminées telles que la Houlque laineuse (Holcus lanatus), le Dactyle (Dactylis glomerata), la Brize intermédiaire (Briza media) ou la Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum)…
Il est important de signaler la présence en limite de parcelles, de vieux châtaigniers dont certains sont sénescents. Ces vieux arbres isolés recèlent un intérêt écologique non négligeable (favorable à une entomofaune xylophage).
Ø Parcelle 588
Ancienne pêcherie
Remise en état et nettoyée, elle est progressivement colonisée par la Glycérie (Glyceria gr.fluitans), la petite Lentille d'eau (Lemna minor), et en bordure plus sèche par la Houlque laineuse (Holcus lanatus). La remise en eau de cette pêcherie (ou ancien lavoir) a été particulièrement favorable aux amphibiens tels que la Grenouille rousse et la Grenouille agile. La présence du Triton palmé est aussi à mettre en exergue.
La dynamique de végétation sur un tel milieu entraîne sa fermeture progressive (diminution de la surface d'eau libre) par la colonisation de la Glycérie, de la Petite Lentille d'eau et en bordure par le Saule. Le développement des ligneux est alors à surveiller (jeunes saules se développant dans le muret) afin d'éviter d'une part la destruction de ce petit patrimoine bâti et d'autre part l'assèchement du milieu, qui serait préjudiciable aux amphibiens.
Plantation d'un verger
Un petit réseau de rigoles a été crée afin de favoriser l'écoulement des eaux superficielles et de pouvoir ainsi effectuer cette plantation, dans un but de diversification du milieu et de "mise en valeur économique". Cette jeune plantation comprend une diversité d'anciennes variétés fruitières : Cerisier, Pommier, Poirier, Amélanchier, Placminier…
Du Cassis, de la Myrtille et de la Vigne ont également été plantés.
Entre les lignes de plantation, se développent des espèces de la prairie à Molinie comme le Lotier des Fanges (Lotus pedunculatus), la Houlque laineuse (Holcus lanatus), la Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), la Cardamine des prés (Cardamine pratense)….Ces espèces témoignent bien de la présence de conditions stationnelles à caractère acide hydromorphe et à engorgement plus ou moins prolongé.
En lisière, on retrouve des faciès plus secs caractéristiques des prairies mésophiles : Plantain lancéolé (Plantago lanceolata), Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), Centaurée noire (Centaurea gr.nigra), Céraiste commun (Cerastium fontanum), Oseille (Rumex acetosa)…
En l'absence de pratiques de gestion notamment entre les lignes de plantation, le milieu peut rapidement être colonisé par la Fougère aigle (Pteridium aquilinum), celle-ci étant déjà présente en lisière forestière.
Prairie à Molinie
Cet habitat est caractérisé sur la parcelle, par une végétation assez élevée et fermée donnant alors un aspect de prairie dense. Comme cela a été cité précédemment, elle se développe sur des substrats tourbeux ou paratourbeux avec un engorgement plus ou moins prolongé.
Bien que la physionomie de la parcelle soit marquée par la dominance des graminées : Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), Houlque laineuse (Holcus lanatus), Brize intermédiaire (Briza media), Agrostide des chiens (Agrostis canina), Molinie bleue (Molinia caerulea)…, on retrouve les espèces caractéristiques de ce type d'habitat : Lotier des Fanges (Lotus uliginosus), Cirse des marais (Cirsium palustre), Cirse des anglais (Cirsium dissectum), Scorzonère humble (Scorzoera humilis), Renoncule flammette (Ranunculus flammula), Gaillet des fanges (Galium uliginosum), Laîche étoilée (Carex echinata), Hydrocotyle commune (Hydrocotyle commune), Pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica), Laîche bleuâtre (Carex panicea), l'Orchis tacheté (Dactylorhisa maculata)…
De manière plus ponctuelle, se développent dans les zones d'écoulement des Sphaignes (Sphagnum sp) associées à des espèces des bas-marais telles que la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium) ou le Millepertuis des marais (Hypericum elodes)…
Cet habitat présente sur la parcelle une variabilité proche des prés à Cirse des anglais et Scorzonère humble. Il est associé sur le site aux prairies mésophiles ce qui explique la présence d'espèces comme le Nard raide (Nardus stricta), la Crételle (Cynosurus cristatus), l'Achillée millefeuille (Achillea millefolium), Festuca sp…
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Sur cette parcelle, l'état de conservation est plutôt satisfaisant. Toutefois, l'absence de pratiques de gestion à l'heure actuelle et la faible pression de pâturage qui y sera menée peut laisser supposer une évolution vers la mégaphorbiaie avec un début de colonisation arbustive par le Saule roux (Salix acuminata) dans les secteurs les plus humides et vers une prairie mésophile à acidiphile dans des conditions topographiques supérieures.
Ø Parcelles 589 et 601
Bois de Châtaigniers
La strate arborescente est dominée quasi-exclusivement par le Châtaignier (Castanea sativa). Le sous-bois tant au niveau de la strate arbustive qu'herbacé est plutôt pauvre en espèces.
On y retrouve le Chèvrefeuille des bois (Lonicera periclymenum), le Lierre (Hedera helix), la Ronce (Rubus gr.fruticosus), l'Ortie royale (Galeopsis tetrahit), la Stellaire holostée (Stellaria holostea).
II. FAUNE
Lors de la visite de diagnostic écologique, quelques données faunistiques ont pu être relevées :
- Couleuvre à collier (hors des parcelles concernées), (Natrix natrix), espèce protégée, inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France.
- Grenouille agile (Rana dalmatina), espèce protégée, inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France.
- Grenouille rousse (Rana temporaria)
- Cerambyx sp,
- Triton palmé (Triturus helveticus), espèce protégée, inscrite sur la liste rouge des espèces menacées en France.
- Loriot d'Europe (Oriolus oriolus), espèce protégée
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Cette liste est loin d'être exhaustive, elle ne correspond qu'à une prospection de terrain d'une demi-journée. Toutefois, vu les habitats qu'il comporte, le site est susceptible d'accueillir une diversité d'espèces plus importante notamment au niveau des insectes et des oiseaux.
III. Intérêt patrimonial des habitats
Parmi les milieux identifiés, certains sont visés ou retenus au titre de la directive européenne Habitats (21 Mai 1992 relative à la "conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore") comme des habitats d'intérêt communautaire (listés à l'annexe I de la Directive). Cela signifie qu'ils sont menacés ou en voie de régression à l'échelle communautaire. Sur certains sites déterminés par l'Etat, ils peuvent, ainsi, faire l'objet de mesures de gestion financée dans le cadre du réseau Natura 2000. Il s'agit des mégaphorbiaies mésotrophes (Scirpaies) et des prairies à Molinie. Ces habitats associés jouent un rôle non négligeable en terme écologique : Ils sont propices à la nidification de bon nombre d'oiseaux et servent de refuge à l'entomofaune.
D'autre part, la présence de vieux châtaigniers de gros diamètre et sénescents, est également très propice à de nombreux insectes xylophages. En effet, une espèce de Cerambyx a pu être observé en limite des parcelles 587 et 588 dans la végétation herbacée. Cet insecte fréquente aussi bien des vieux chênes que de vieux châtaigniers déficients physiologiquement ou généralement blessés. Il affectionne particulièrement les vieux arbres solitaires et bien ensoleillés des milieux agropastoraux. Il est probable que sa présence sur le site soit cantonnée aux vieux châtaigniers en limite de parcelles 587 et 588.
Des visites ultérieures pourraient être prévues pour déterminer exactement cette espèce.
La délimitation naturelle des parcelles soit par des murets de pierre sèche ou une haie de Chênes (parcelle 606 et 588) renforce également l'intérêt patrimonial du site. En effet, les haies constituent des corridors écologiques entre les différents milieux ; de plus en raison de l'âge de certains chênes, une entomofaune spécifique est susceptible d'y trouver refuge.
Cette mosaïque de milieux (prairies mésophiles, prairies humides, mégaphorbiaies, boisements…) associés à un petit patrimoine bâti (ancienne pêcherie ou lavoir, nombreux murets de pierres sèches sur le site, et, en périphérie des parcelles concernées : petit aqueduc, ancien bassin à rouir le Chanvre….) recèlent un intérêt aussi bien écologique qu'historique et culturel.
IV. PRECONISATIONS DE GESTION
La mise en place de mesures de gestion est largement dépendante des objectifs préalablement fixés. Dans le cas présent, l'objectif consiste à concilier l'intérêt écologique par le maintien de la mosaïque d'habitats et l'intérêt économique (production de fruits par la plantation d'arbres fruitiers, pâturage ovin).
4.1 Limitation de la Fougère aigle et des ronciers dans les prairies mésophiles
Afin de lutter contre l'envahissement par la Fougère aigle et la ronce et permettre ainsi le maintien des espèces des prairies mésophiles, une fauche de la Fougère deux à trois fois par an est nécessaire.
Faute de matériels agricoles, cette fauche pourra être réalisée soit à la débrousailleuse ou à la faux comme cela est déjà effectué, au début de la saison de végétation (développement des crosses) et au cours du mois de Juin. Cette technique dont les résultats ne sont probants qu'à long terme provoquera l'affaiblissement des rhizomes ; la Fougère aigle sera alors plus éparse et moins vigoureuse au fil des années. Les résidus de fauche pourront être exportés en lisière forestière pour éviter l'enrichissement du sol propice à cette espèce.
D'autres techniques de gestion sont possibles (étrépage consistant à enlever la couche de sol dans laquelle est présent l'enchevêtrement des rhizomes de Fougère, mise en culture…) mais étant donné les faibles superficies observées dans les parcelles, la première solution sera retenue. De plus, la mise en place d'un pâturage ovin précoce (5 de race Ouessant dès le début de la saison de végétation) en complément d'une action mécanique, devrait permettre par le piétinement, d'affaiblir cette espèce. Toutefois, pour un impact plus efficace, il serait souhaitable également d'augmenter la pression de pâturage. En effet, la race Ouessant est petite, d’où un impact de piétinement faible.
Le contrôle du développement des ronciers pourra être poursuivi par les opérations déjà menées qui consistent à un débroussaillage ou à un arrachage manuel. Cette opération pourrait être réalisée avant la mise en place du pâturage pour une meilleure appétence des rejets.
4.2 Fauche des zones de mégaphorbiaies
Les petites zones de mégaphorbiaies rencontrées sur la parcelle 606 se sont développées suite à un abandon et à une faible pression de pâturage. Les conditions stationelles marquées par un sol engorgé bien pourvu en matière organique avec une nappe temporaire sont également à prendre en compte dans le développement de cette formation végétale.
Plusieurs orientations de gestion sont possibles sur ces milieux :
- Soit on laisse évoluer cette formation vers la Scirpaie en veillant à la colonisation arbustive
- Soit on réalise une fauche avec exportation une fois par an ou tous les deux voire trois ans en fonction de l'évolution du milieu. Cette opération permettrait un rajeunissement du milieu et pourrait être propice au développement des espèces de la prairie à Molinie (espèces déjà présentes mais peu abondantes, concurrencées par les espèces de la mégaphorbiaie). Cette opération pourrait être réalisée pendant la saison automnale afin d'éviter le dérangement de la faune.
Sur la parcelle 606, on peut envisager par exemple le maintien de la petite zone de scirpaie pure en veillant à ce que la strate arbustive ne prenne trop d'ampleur et rajeunir l'autre petite zone évoluant progressivement vers la scirpaie.
4.3 Pâturage ovin et/ou fauche dans la parcelle 588 (prairie à Molinie et verger)
Les prairies à molinie sont des habitats liés aux variations du niveau de la nappe. Elles sont menacées par toute intervention ayant une influence sur le degré d’humidité ou d’assèchement, par drainage essentiellement. L’assèchement entraîne généralement l’invasion du milieu par la Molinie qui se développe aux dépens des autres espèces végétales et entraîne une banalisation du milieu.
La dynamique de végétation est plus lente tant qu’il y a de l’eau.
Faute de pratiques de gestion et d’une pression de pâturage insuffisante, les faciès les plus secs sont colonisés progressivement par les ligneux (Bouleau, Saules…). Cependant, la densité et l’épaisseur de la strate herbacée, auxquelles s’ajoutent les variations annuelles du régime hydrique peuvent rendre plus difficile cette dynamique.
Cet habitat est caractérisé par les conditions stationnelles suivantes : sols tourbeux à paratoubeux oligotrophes. Tout apport d’engrais ou autres amendements est alors à proscrire si l’on souhaite maintenir la diversité floristique de ces milieux.
La gestion de tels milieux fait alors appel à des pratiques agricoles traditionnelles :
Ø Mise en place d’un pâturage
Une remise en pâturage ovin par les 5 Ouessant est envisageable afin de réduire le nombre d’espèces trop épanouissantes et laisser s’installer les espèces pionnières. Compte tenu de la très faible pression de pâturage, celui-ci pourra être assez précoce (à partir d’Avril) pour un impact satisfaisant. Le piétinement des ovins (à relativiser puisque la pression de pâturage reste insuffisante) dans les couloirs de déplacement, peut entraîner l’apparition de petites surfaces de tourbe décapée. Dans ces petites zones, pourront se développer des groupements des stades pionniers de la dynamique des groupements turficoles (tourbeux) abritant généralement des espèces végétales rares et/ou menacées (Drosera rotundifolia, Rhynchospora alba…). Ces espèces n’ont pas été observées lors de la visite de terrain mais leur présence est possible et à rechercher.
Ø Fauche de la prairie et entre les lignes de plantation du verger
Etant donné la faible pression de pâturage, une fauche tardive avec exportation des produits de coupe peut être menée conjointement avec le pâturage, par exemple en fin de saison. Cette opération diminuerait l’effet destructeur de la litière hivernale (en cas de non pâturage) formée et permettrait le maintien d’une flore variée. Cette piste reste à explorer et à envisager avec les agriculteurs locaux pour le prêt du matériel.
Une autre solution de gestion pourrait consister en une fauche par placettes. En effet, cette technique consiste à diviser la parcelle en un certain nombre de zones qui seront fauchées chaque année voire tous les deux ans à tour de rôle. Ainsi les secteurs non fauchés pourront soit être pâturés soit être conservés pour maintenir une mosaïque de milieux d’âge différent créant ainsi une hétérogénéité structurale de la végétation, facteur de diversité faunistique.
Les produits issus de la fauche pourraient servir de complément en période hivernale pour les ovins. Comme précédemment, l’absence de matériel agricole peut constituer un frein pour réaliser cette opération.
Le rajeunissement de la prairie permettrait également de rouvrir les petites zones de sources pouvant être favorables pour la reproduction de libellules dont certaines espèces sont protégées : Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale).
Concernant, l’entretien entre les lignes de plantation du verger, une fauche avec exportation pourra être réalisée pour atteindre les mêmes objectifs cités précédemment.
4.4 Favoriser le développement d'espèces pionnières des milieux tourbeux et paratourbeux
La présence d’espèces de bas-marais telles que les Sphaignes et la Linaigrette à feuilles étroites confère au site un intérêt patrimonial certain. L’absence de pratiques de gestion conduira à l’élimination de ces espèces à mesure de l’évolution et de la fermeture du milieu herbacé, au profit d’espèces mieux adaptées à ces nouvelles conditions. La mise en place d’un pâturage ou la réalisation d'une fauche contribuera au contraire, au maintien de ces espèces.
Afin de rajeunir le milieu et favoriser le développement d’espèces végétales des groupements pionniers et ainsi diversifier les habitats, un étrépage peut être préconisé.
Cette technique consiste alors à enlever la végétation aérienne et la couche organique. Cette opération expérimentale sur la parcelle pourrait être réalisée à proximité des zones de présence des sphaignes et de la Linaigrette à feuilles étroites sur une petite superficie 10 m². Etant donné la faible superficie, celui-ci pourra être réalisé manuellement avec une bêche.
L’étrépage pourrait être réalisé par le piétinement des animaux si la pression de pâturage est accentuée.
Au sein de cette même parcelle, une petite mare a été creusée manuellement. Cette opération est favorable aux odonates et aux amphibiens pour leur cycle vital. La création d’une autre petite mare est possible pour diversifier le milieu et créer des zones favorables à la faune. Pour une meilleure attractivité de la faune et une colonisation plus facile par la végétation, il faudra veiller à ce que les berges de la mare soient en pente douce.
4.5 Curage et entretien de l'ancienne pêcherie
Cette ancienne pêcherie restaurée est particulièrement favorable aux amphibiens et à certaines espèces de libellules. Afin d’éviter la fermeture par la colonisation végétale, un curage devra être envisagé en période automnale pour éviter tout dérangement de la faune (reproduction des trions palmés et amphibiens). Celui-ci sera réalisé manuellement. Il faudra veiller à ce que les ligneux et essentiellement les saules ne prennent trop d’ampleur ; les quelques jeunes individus se développant dans le muret seront arrachés manuellement.
4.6 Maintien des vieux châtaigniers secs et sénéscents
Le maintien de ces arbres secs et des haies de Chêne en limite de parcelles participent à la diversification du milieu et sont propices à une entomofaune xylophage. D'autres prospections pourront être réalisées afin d'évaluer la richesse entomologique de ces arbres isolés. Celles-ci pourront être couplées à des prospections dans les milieux prairiaux et mégaphorbiaies.
CONCLUSION
Le diagnostic réalisé sur l’ensemble des parcelles soit une superficie d’environ 2,5 ha, met en évidence un potentiel écologique réel en terme d’habitats naturels (certains d’entre eux sont des habitats d’intérêt communautaire). La richesse du site au niveau faunistique n’a pu être évaluée de manière exhaustive. Toutefois, compte tenu de la mosaïque d’habitats, la richesse faunistique n’est pas négligeable.
Les habitats mis en évidence présentent un état de conservation satisfaisant, seules des opérations de gestion dites courantes pourront être menées. Toutefois, quelques opérations secondaires pourront aussi être préconisées dans un objectif de diversification du milieu propice à la faune.
Afin d’obtenir des résultats satisfaisants dès les premières années de remise en pâturage, la pression devra être largement supérieure. Cela nécessite alors l’agrandissement du troupeau par l’acquisition de nouvelles bêtes.
Toutes les opérations qui seront réalisées devront être suivies et évaluées. D’autres visites de terrain seraient souhaitables pour révéler la richesse faunistique de ces parcelles.
LISTE DES ESPECES VEGETALES RENCONTREES (non exhaustive)
Nom scientifique |
Nom vernaculaire |
Indice rareté régionale |
|
Achillea millefolium L. |
Achillée millefeuille |
CC |
|
Agrostis canina L. |
Agrostide des chiens |
CC |
|
Angelica sylvestris L. |
Angélique des bois |
CC |
|
Anthoxanthum odoratum L. |
Flouve odorante |
CC |
|
Briza media L. |
Brize intermédiaire |
CC |
|
Bromus hordeaceus |
Brome mou |
CC |
|
Cardamine pratensis |
Cardamine des prés |
CC |
|
Carex echinata |
Laîche étoilée |
C |
|
Carex nigra |
Laîche noire |
CC |
|
Carex ovalis |
Laîche ovale |
CC |
|
Carum verticillatum |
Carum verticillé |
CC |
|
Castanea sativa |
Châtaignier |
CC |
|
Centaurea gr. nigra |
Centaurée noire |
|
|
Cirsium palustre (L.) Scop. |
Cirse des marais |
CC |
|
Crataegus monogyna Jacq. |
Aubépine monogyne |
CC |
|
Cynosurus cristatus L. |
Crételle |
CC |
|
Dactylis glomerata L. |
Dactyle aggloméré |
CC |
|
Dactylorhiza maculata |
Orchis tacheté |
CC |
|
Digitalis purpurea |
Digitale pourpre |
CC |
|
Eriophorum angustifolium |
Linaigrette à feuilles étroites |
C |
|
Festuca sp |
|
|
|
Galeopsis tetrahit L. |
Ortie royale |
CC |
|
Galium aparine L. |
Gaillet gratteron |
CC |
|
Galium uliginosum L. |
Gaillet fangeux |
CC |
|
Geranium robertianum L. |
Géranium herbe-à Robert |
CC |
|
Geum urbanum L. |
Benoîte commune |
CC |
|
Glechoma hederacea L. |
Glecome |
CC |
|
Glyceria fluitans (L.) R. Brown |
|
CC |
|
Hedera helix L. |
Lierre grimpant |
C |
|
Holcus lanatus L. |
Houlque laineuse |
CC |
|
Hydrocotyle vulgaris |
Ecuelle d'eau |
C à CC |
|
Hypericum elodes |
Millepertuis des marais |
|
|
Juncus acutiflorus Ehrh. (=sylvaticus) |
Jonc sylvatique |
CC |
|
Juncus effusus L. |
Jonc épars |
CC |
|
Lapsana communis L. |
Lampsane communis |
CC |
|
Lathyrus pratensis L. |
Gesse des prés |
AC |
|
Lemna minor |
Petite Lentille d'eau |
CC |
|
Linaria repens (L.) Mill. |
Linaire rampante |
CC |
|
Lolium perenne L. |
Ray-grass |
CC |
|
Lotus pedunculatus Cav. (=uliginosus) |
Lotier des fanges |
CC |
|
Lythrum salicaria L. |
Lythrum salicaire |
CC |
|
Nardus stricta |
Nard raide |
C à CC |
|
Pedicularis sylvatica |
Pédiculaire des bois |
CC |
|
Plantago lanceolata L. |
Plantain lancéolé |
CC |
|
Potentilla erecta (L.) Rauschel |
Tormentille |
CC |
|
Pteridium aquilinum (L.) Kuhn |
Fougère aigle |
CC |
|
Quercus robur L. |
Chêne pédonculé |
CC |
|
Ranunculus flammula L. |
Petite douve |
CC |
|
Ranunculus repens L. |
Renoncule rampante |
CC |
|
Rubus gr. fruticosus L. |
Ronces |
CC |
|
Rumex acetosa L. |
Grande oseille |
CC |
|
Salix acuminata Miller |
Saule brun-cendré |
CC |
|
Scorzonera humilis |
Scorzonère humble |
C à CC |
|
Scirpus sylvaticus L. |
Scirpe des bois |
CC |
|
Silene flos-cuculi (L.) Greuter & Burdet (=Lychnis f-c) |
Lychnis fleur de coucou |
CC |
|
Sphagnum sp |
Sphaignes |
|
|
Stellaria holostea L. |
Stellaire holostée |
CC |
|
Stellaria graminea |
Stellaire graminée |
CC |
|
Trifolium pratense L. |
Trèfle des prés |
CC |
|
Ulex minor |
Ajonc nain |
CC |
|
Urtica dioica L. |
Ortie dioïque |
CC |
|
Valeriana dioïca |
Valériane dioïque |
C à CC |
|
Veronica chamaedrys L. |
Véronique petit-chêne |
CC |
|
Veronica officinalis |
Véronique officinale |
CC |
|
Vicia sepium |
Vesce des haies |
CC |